
Plus bas : 1692 m La Pierre Saint-Martin
Plus haut : pic d’Anie 2502 m
Dénivelé : 960 m
Distance parcourue : 15,2 km
Collective du Club Alpin Pau : Olivier Jean, Maryse Mourasse, Thierry Lansac, Manuel Diaz, Véronique Estavoyer encadrés par Bernard Boutin et Didier Mazoin
Météo : grand beau temps. Un peu de vent sur le pic.
Date : 16 février 2023
La vallée d’Ossau a son emblème, l’Ossau. La vallée d’Aspe a le sien l’Anie, Auñamendi pour les espagnols. L’un et l’autre ont du caractère. Si l’un rappelle la tête d’une truite émergeant des tréfonds de la terre, l’autre serait une fantastique pyramide dominant des « arresᵗ d’Anie » quasi-inaccessibles. Le pic parait imprenable et, en cette très belle journée, peu d’y aventureront. Il faut dire son approche est compliquée par un chaos de schistes calcaires, creusés de gouffres multiples, de dolines improbables et de falaises saillantes. Les « arres d’Anie », les parcourir à ski de randonnée, c’est d’abord du ski aventure. A l’aller, un cap à suivre apparait de temps à autre : l’Anie que l’on voit chaque fois que la collective émerge d’une dépression. Au retour, l’Anie est derrière. Devant rien, si ce n’est l’interminable chaos à traverser. Une sortie ski différente qui demande patience pour la terminer.
Anie, c’est aussi un nom surprenant pour un pic. Pas un prénom auquel on aurait supprimé un « n ». Ne pas s’engouffrer dans la correction trop facile… Explication : le nom Anie provient d’une forme dialectale basque (souletine ou roncalaise) añe du terme ahuña « chevreau ». Le pic est connu au Pays Basque, et plus loin en Espagne, sous le nom d’Auñamendi, « montagne des chevrettes ».
Des chevrettes, sur les pentes nous n’en verrons pas et pour cause. Les pentes sont en neige tôlée, soufflée, croutée, taraudée, parfois damée, rarement poudreuse. On aurait envie de multiplier les qualificatifs tellement elle est irrégulière. Pas un coin pour chevrettes. Plus tard. Au printemps, peut-être…
Montée façon « ski nordique » le long du « boulevard des Pyrénées » de la station de la Pierre Saint-Martin. Un beau ruban de neige bien damé pour apprentis skieurs. Traversé des Arresᵗ (ᵗ= toponymie – voir au bas du compte-rendu) pour rejoindre, bien loin, les pentes SO de l’Auñamendi. Un peu de tôle. Le compteur du dénivelé ne s’affole pas. Pentes régulières, calmes.
Légère descente pour rejoindre le bas du pic. Pose des couteaux et remontée des 300 m de dénivelé qui conduisent au sommet. Une succession de Z dans une pente qui se raffermit au fur et à mesure que l’on grimpe. Conversion toujours plus attentives. La pente, sous les 30° initialement, passe à 30°, puis 35° et… la neige vient à manquer. Pose des crampons, « abandon » des skis sur place, et final par les pentes sud du pic. Un final assez classique pour un sommet bien souvent chauve. Pause repas méritée. Le temps de la mastication… et de la contemplation face au sud : Castillo de Acher, Bisaurín et Collarada entre autres… Des faces nord plâtrées en neige. C’est beau. Côté sud, ambiance différente : la neige recule et les écobuages noircissent l’atmosphère. Tourner les regards vers la blanche Castille.
Descente dans la pierraille. Retrait des crampons, claquement des fixations et début de descente à ski. Neige très irrégulière.
La Mule, qui vient tout juste de changer de sabots, tombera deux fois. Pas contente du tout. Pour la suite, il lui faudra apprendre à mieux les resserrer.
Traversée retour des Arres. Pour faire plus court, laissons de côté le cheminement, par le col des Anies et le bas du Soum Couyᵗ, et prenons une trace intermédiaire entre celle de la montée et celle du Soum Couy. Résultat : un long pensum parmi les effondrements calcaires, les gouffres et… sans cap visible. « Une descente plus fatigante que la montée » dira Maryse qui résume assez bien la situation. Rare en ski de randonnée. Une descente où nous poussons sur les bâtons, à de nombreuses reprises, pour sortir de la succession de « bassines » traversées.
Pour la séance ski en S, il faut attendre le « boulevard des Pyrénées » pour pouvoir enfin se lâcher sur son magnifique ruban de neige régulier. Un vrai moment détente.
Au village d’Arette, belle étape pour le pot de fin de sortie : Chez Gouaillardeu. Ambiance et cadre inattendus. A retenir. Quand au pic d’Anie : à refaire l’an prochain. Tellement différent.
A plus sur les pentes.
– par Beñat
Les randos d’avant : c’est ICI
ᵗ Séquence toponymie :
– Anie du basque añe du terme ahuña « chevreau ». Le pic est connu en Espagne, sous le nom d’Auñamendi, « montagne des chevrettes »
– Arre du basque ar- = pierre, rocher, rocheux
– Soum Couy du gascon couy = chauve, dénudé
– Arette du basque ar- = pierre et du suffixe locatif collectif -eta, ce qui signifie lieu pierreux
Crédit photo : Bernard Boutin
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