
Plus bas : 1332 m parking
Plus haut : Pourteillou 2225 m
Dénivelé : 1010 m
Distance parcourue : 17,4 km
Collective du Club Alpin Pau : Brahim Amazine, Robert Marin, Graziella Rivaud, Caroline Varraud, Mathieu Appé, Véronique Estavoyer, Guillaume Lespriller et Bernard Boutin
Météo : grand beau temps frais. Pas de vent.
Date : 9 février 2023
Monter au Pourteillouᵗ (ᵗ= toponymie – voir au bas du compte-rendu), depuis les granges de Sauguetᵗ, est un grand classique. Longues pentes régulières, faciles, sur estives enneigées… et le « Petit Col » (Pourteillouᵗ) est déjà là. Dès les granges, il suffit de suivre le cap au loin. Pas de navigation compliquée. De nombreuses traces, laissées par skieurs et raquetteurs, gribouillent son accès. Anonymat impossible. Raison de plus pour y aller différemment : longer le gave d’Aspéᵗ, remonter un instant le barrancou des Laquettes, s’orienter SO vers le bas des falaises du Soum Blanc de Secugnatᵗ. Ici pas de trace. Vierge neige. Tout du bonheur !
Ne pas se laisser tenter de partir dans les nombreux vallons qui grimpent plein sud, vers le Pourteillou. Continuer SO. Laisser, sur notre gauche, les sommets 1961 et 2065. Pause banane entre les deux. Reprendre pour aller butter – enfin presque – contre le Soum Blanc de Secugnat. Face à nous les pentes rocheuses, coloriées en mauve (supérieures à 45°) sur l’application, tombent à pic. « No pasaran ». L’avertissement est clair. Pour shunter l’obstacle, reste à tourner, de 90° à droite, et longer en les remontant les formidables parois dominatrices. Le chaos de Secugnat est là.
Il est là avec son entrelas de rochers de toutes tailles, de toutes dispositions. Tous recouverts d’une belle couche de neige fraîche et scintillante. Un univers casi-polaire à parcourir. Exposé nord, les pentes les plus fortes appellent la pose des couteaux. Neige tantôt taûlée, tantôt fraîche, tantôt frittée. Pour tous les gouts. A mi-parcours, tirer sur la gauche, pour ne pas se laisser entrainer dans un vallon sans issue.
Les jeunes passent devant. La Mule ralenti le pas. Skis en bois trop lourds, chaussures trop lourdes, gourdes trop lourdes, crampons en acier plein, inutilement lourds aussi. Seuls la tête et l’esprit restent légers. C’est déjà ça de gagné !
Une remontée à skis de randonnée inhabituelles. Longue série de Z continue. Bel exercice. L’Intello aime l’endroit. La mule moins…
Toujours des rocs, encapuchonnés de blanc. Encore et encore. Soudain une trace arrive sur la gauche : la voie normale ! A droite, le Pourteillou se devine à deux encablures. Se couler dans le rail. Pente supérieure à 30°. Une étroite canole à contourner. Dernières conversions montantes et la magie du Pourteillou est là : le cirque de Gavarnie droit devant et, sous nous à quelques métres, le belvédère du Pourteillou nous attend. Une table d’hôte à vue incomparable. One of the top 10 !
Pause déjeuner face aux grands de ce monde. Rêveries. Contemplations et autres échappées.
Déjà le froid se fait ressentir. Claquement des fixations. Remontée au collet. Dépeautage pour une descente imprévisible : « neige tantôt taûlée, tantôt fraîche, tantôt frittée ? »
Dérapage controlé avec panache, par toute l’équipe, pour descendre la canole de taule.
Longue traversée, premiers virages, premières sensations. Pas mal ! L’assurance monte et, avec elle, les séries de S s’affinent. Neige plutôt ferme. Plus bas, les S seront remplacés par le mouvement régulier « dit de l’essuie glace ». Session plaisir pour tous jusqu’aux granges de Sauguet. Pentes faciles et neige presque autant.
Du pont de Sauguet à la voiture, session neige pour moitié, session portage pour l’autre (moitié). Le ski de randonnée se mérite mais, l’exceptionnelle vue sur le cirque de Gavarnie, sur les esthétiques falaises du Secugnat, les séries de S ont vite fait de gommer l’effort. Même la Mule en convient. Incroyable…
A plus sur les pentes.
– par Beñat
Les randos d’avant : c’est ICI
ᵗ Séquence toponymie (source le Palay, le Bourbon, Pierre Salles, l’inspiration… ) :
– Soum Blanc de Sécugnat : du gascon sec, seque = sec ou aride. Le sommet (blanc) aride. Visuellement, depuis le belvédère du Pourteillou, les falaises sont sèches et arides (source :BB).
– Saugué : sahuqèr / sauquèr / sauguèr : le bois de sureaux, l’endroit où poussent les sureaux (source Pierre Salles).
– Aspé : la racine « as -» / « ar -» est bien connue pour avoir le sens de « rocher ». Le suffixe « -pe » / « -be » est lui aussi bien identifié. Sa signification approximative est « dessous ». Donc : Aspé = « sous les rochers » (source Pierre Salles)
– Soum Labassa : soum du lat. summum = sommet et Labassa du gascon « lavassa ». Ce mot désigne, en langue d’oc sud-gasconne, les grandes dalles rectangulaires de schiste utilisées autrefois pour faire les plans inclinés des lavoirs. Lo lavassar = l’endroit où l’on trouve des « lavassas », c’est-à-dire du schiste en strates (source Pierre Salles)
– Pourteillou = petit col (BB).
– Gavarnie : à rappocher du mot « gave ». C’est à Gavarnie que le Gave prend sa source. Le sens probable de Gavarnie est « le lieu d’où vient le Gave, le lieu du Gave » (source Pierre Salles)
Crédit photo : Graziella, Véronique, Mathieu, Brahim, Gérard, Bernard
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