
Plus bas : 3m Koppangen
Plus haut : 1373m Tafeltinden
Dénivelé : 1481m
Participants : toute l’équipe (au sommet : Sylvie, Xavier, Bruno, Patrick. A 160m de dénivelé : Didier et Bernard).
8h30, l’équipe toujours au complet, sur un parking de bord de mer, vitrifié, comme il se doit. La veille pourtant, lors de la présentation du programme, il y eut des mules ronchonnes. 1381, plus les petites bosses, ça va bien faire dans les 1500, sur un glacier, avec cordes baudriers sangles, le bât va blesser. Xavier les rassure, leur palpe le museau, c’est bon !
Départ de Koppangen, au bout de la route qui va (mais n’y arrive pas) au Nord de la presqu’île, au Nord du Nord quoi, pas le bout du Monde, mais un de ses petits frères. Joli port de pêche, dans tous les sens du terme, maisons de bois aux couleurs rendues vives par un soleil généreux, et… skieurs ; car ici, il y avait la morue, maintenant il y a le ski, et le Tafeltiden au bout de son glacier. Les bateaux de pêcheurs se sont transformés en gîtes pour skieurs cherchant des départs où il n’y a pas de route…
Départ enjoué, puis, au bout de cinq minutes, une mule se retourne : eh Patrick, t’as bien pris ton piolet cette fois? Mince, non évidemment, c’est la mule qui se tape les dix minutes de rab, lui il pense à je ne sais quoi ! Déjà l’autre jour, il partait en pantoufles…Et son piolet, il ne s’en servira même pas…, je connais. On repart tranquillement, des petits raidillons s’enchaînent le long d’un ruisseau encaissé. Xavier flashe sur une bosse, l’équipe la franchit allègrement, on pose les crampons dans le raide. Arrivé sur le replat, transition skis. L’intello finit sa manip, range bien son sac, s’apprête à chausser. Sa mule : tu as l’intention de me planter les crampons sur les skis ?
Vers 650m, nous prenons pied sur le glacier de Koppangsbreen, sans vraiment nous en rendre compte, la neige le recouvrant avec régularité et épaisseur. Par contre ce qui nous frappe c’est la magnificence du cirque qui s’ouvre maintenant devant nous. Devant, à droite, à gauche une immensité molle de neige bordée, plusieurs kilomètres au loin, de pics audacieux et d’arêtes finement découpées desquelles s’échappe la neige soulevée par le vent. L’itinéraire est facile, tout droit, ça s’élève en pente douce, il fait grand beau, les mules frétillent. Ça ne va tout de même pas sans deux raidillons et un mauvais vent de face que nous prendrons vers les 1000m, qui en rendront deux bougonnes, l’intello et le cuistot s’en trouvant démontés cent mètres sous le sommet. Là-haut, 360 « premium » et, comme on ne s’y attendait pas, sans vent excessif.
Une équipe de Suisses là haut ! Un groupe de jeunes jurassiens. Une jeune fille nous prend gentiment en photo, mais, sur un ton de reproche : « ben alors, alignez-vous, vous n’êtes pas organisés là ! » Eh non mademoiselle, nous sommes Français que voulez-vous…
Régal de début de descente dans le dernier raidillon bien abrité, avec une neige peu transformée. Plus bas neiges dures, tôlées, frittées, poudre transportée, sur la fin des petits murs bien verglacés. Bien maîtriser le dérapage… Mais quelle descente : 9km, sur le glacier puis le long du ruisseau, face au fjord, un pur délice pour les yeux.
Retour dans notre hutte, douche, flambée, apéro, programme pour le lendemain, un rite bien installé maintenant, même les plus grands aventuriers ont besoin de leurs petites habitudes. Et puis il y a Didier, sans qui les mules seraient bien au désespoir. Ce soir il nous a concocté un filet de porc aux parfums d’Asie, encore un pur délice, pour les papilles cette fois. Et Sylvie, qui s’essaie avec bonheur à la pâtisserie sans balance, sans levure, mais qui nous régale aussi! Le tout arrosé d’un vin « végane compatible » que nous ne conseillerons pas forcément, qui gouleye néanmoins.
Bon les mules, si on fait les comptes ce n’est pas mal : d’après Alpine Quest, certes toujours un peu généreux avec vous : le 10 mars, 1118 mètres, le 11, 757 m (but météo), le 12, 1214 m, le 13, 1158 m, le 14, 1179 m, le 15, 1288, le 16, 1481. Ça vous fait une moyenne de 1170 m par jour ces sept derniers jours. Correct pour des mules tamaloù. Demain, tourisme pour certains, petite rando genre ski nordique à la recherche d’une bonne hutte pour les autres. Météo peu encourageante….
A plus sur les pentes.
– par Patrick
Crédit photo : Bruno Basty et Bernard Boutin
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