
Plus bas : pk. 1321 m entre Saussa et Saugué au-dessus de Gèdre
Plus haut : Pourteillou 2239 m
Dénivelé : 980 m
Distance parcourue : 15 km
Participants du CAF de Pau : Bruno Basty, Véronique Estavoyer, JP Spann, Olivier Jean, Didier Mazoin, Maryse Mourasse, Marc Outters, Robert Marin, encadrés par Xavier Damez, co-encadrés par Bernard Boutin
Météo : grand beau froid sans vent. Conditions excellentes.
Date : 6 janvier 2021
Moins 6° au sortir des voitures, stoppées net à 1321 m par la neige et à 2,5 km du pont de Saugué. Petit portage, claquement des attaches et c’est parti sur la route. 5 cm de neige fraiche sous les skis. Début d’onglet pour le rapporteur, palpitant rageur : la faute à qui, la faute à quoi ? A l’âge, au froid, au rythme soutenu du premier de cordée. « Les trois mon colonel ! »
Pont de Saugé. Le soleil est là pour le restant de la journée. Enfin ! Petite séance de formation de la part de Xavier : observation du terrain, BERA etc. A quoi s’attendre ? Bien vu.
Rejoindre le col du Pourteillou, c’est prendre un cap et le tenir tout droit (à peu près) : celui du Soum Blanc de Secugnat (2577). Bel élancement rocheux calcaire aux couleurs chaudes que le soleil caresse déjà.
Traversée de l’Ubac de Saugué. Granges centenaires. Remontée le long du Barrancou de Laquettes en le laissant sur la gauche. Pentes faciles. Alternance de neige de tôlée, neige poudreuse. Approche du beau chaos aux formes élancées, situés sous les falaises du Soum Blanc de Secugnat. Le temps des Z.
Le Pourteillou, diminutif affectif et gascon (pourtét, pourtiélhou) pour collet, se cache derrière un ultime ressaut. Passer au centre, tout dret, ou par la gauche. That is the question ? Jean Pierre file tout droit. A quoi bon perdre du temps si cela passe plus vite ! Le reste de l’équipe, après deux, trois virages serrés en Z, contourne, par la droite, le ressaut. Exercice d’application. Malgré les couteaux, les skis auraient (un peu) tendance à filer. Tôle verglacée sous la poudre. Un dernier effort. Tôle, à vif sous un rocher qui nous surplombe, et le collet est là.
Vue qui s’ouvre, d’abord, sur la vallée d’Ossoue avec au fond le massif du Vignemale. Ensuite sur le cirque de Gavarnie, du Taillon aux Astazou. La totale ! Magie dans l’air. Si beau, si grand. Juste en face de nous. Les toucher de la main.
Pause mérité sur les strapontins. Les meilleurs emplacements du belvédère sont déjà squattés par raquettistes et skieurs. Le Porteillou : un grand classique pour beaucoup de montagnards en quête de vue.
« Les joues rougie par l’effort, je m’assis sur un rocher et contempla le paysage magnifique qui s’étendais devant moi. Au milieu des courbes capricieuses des montagnes, hérissées d’angles obtus et d’angles aigus, apparaissent brusquement des lignes droites, simples, calmes, horizontales et verticales, combinées de telle sorte que de leur ensemble résulte le panorama qui se déploie sous mes yeux, m’inspirant… (crédit ICI). Victor Hugo n’est pas en reste : « C’est une montagne et une muraille tout à la fois/C’est l’édifice le plus mystérieux des architectes/C’est le colosseum de la nature/C’est Gavarnie/colisée inouï du chaos ».
L’Intello à la Mule : « sais-tu la chance que tu as de contempler cela ? ». La Mule hausse les épaules et continue à mastiquer son casse-croûte. Pour elle, après l’effort de la montée, seul compte maintenant la préparation à la descente. Dur labeur que le sien. Un choucas, curieux et familier, vient repérer les miettes à picorer. On le sent à l’aise. Il est chez lui.
Remontée au collet, pose des crampons pour descendre le petit ressaut en neige qui nous attend. On ne dira jamais assez que l’ivresse de la montagne fait des victimes. La première : l’Intello qui, tout ému, mettra son casque à l’envers sur la tête ! Une autre victime essayera, par deux fois, de mettre les crampons dans le sens derrière-devant. D’autres ont les crampons réglés pour les chaussures de randonnée… Réglages habituels de début de saison.
Passage, sans difficulté aucune, du ressaut. Claquement des fixations. Position descente pour les chaussures. Casque pour tous et c’est parti. La Mule file devant. Séries de S, façon poudre de cinéma, entrecoupée de tôle ondulée. Le vent a fait son oeuvre en repoussant partiellement la poudreuse dans les creux : 2/3 poudre,1/3 tôle. Qui pour se plaindre ? Il y a 8 jours la proportion était inverse.
Descente en longeant le Barrancou de Laquettes par sa droite. S toujours. Déjà les granges de Saugué apparaissent. Trop vite, trop tôt. Pourquoi donc les bonnes choses doivent-elles toujours avoir une fin ? Pont sur le gave d’Aspé suivi des 2,5 km sur la route enneigée. Place aux marinettes et descente à la Brasserie du Pays Toy, à Luz, pour une bière bien méritée.
Satisfaction générale. Le Pourtiellou : une valeur sure.
A plus sur les pentes.
– par Beñat
Les randos d’avant : c’est ICI
Séquence toponymie (source le Palay et le Bourbon) :
– Aspé : du latin asper = rude, austère, abrupt, dur à monter, endroit rocailleux, hérissé d’aspérités.
– Sécugnat : latin secum = chose sèche + suff -at, -atus. La composition calcaire du soum en fait un sommet très sec.
Crédit photo : Robert Marin, Jean-Pierre Spann et Bernard Boutin
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Petite remarque: si je suis monté tout droit dans un passage un tantinet raide, ce n était pas pour aller plus vite: j étais simplement en train de faire la trace, et j’ai cru vraiment qu’il ne y avait pas de probleme majeur à cet endroit….j ai compris sur place, une fois engagé, que c était plus difficile que prévu! Bon, j ai assumé mon choix et je suis passé à la limite d adherence des peaux et a la pointe de mes bâtons…..une fois averti, le groupe a eu bien raison de détourner utilement son chemin!