
Départ, arrivée : lac de Bious-Artigues
Destination : boucle passant par les pics Paradis, Moines et Castérau et les lacs Castérau, Paradis, Plaa de las Baques, Ibon del Escalar, Bersau, Gentau, Miey, Roumassot, Bious-Artigues.
Date : 15 juin 2018
Qui : Collectives du CAF encadrée Jacky Gaüzere. Co-encadrant : Brahim Amaziane
Météo : grand beau
Le tour des lacs d’Ayous : qui ne connait pas l’immuable randonnée des familles béarnaises ? Immuable jusqu’au jour où Jacky décide de la revisiter. Elle gonfle alors irrésistiblement en dénivelé, distance, points de vues et impressions diverses.
Départ Bious-Artigues. Première destination : le lac Castérau. Plateau de Bious : un immense jardin fleuri. Le rouleau compresseur de la transhumance n’y est pas encore passé. Juin la plus belle des saisons. Un festival de couleurs : entre blanche neige et multicolores estives.
Un camion-toupie nous dépasse. Insolite en cet endroit, Parc National théoriquement protégé de tout bétonnage. Elle monte couler des dalles de béton, à coté des cayolars, afin d’installer les postes de traites plus hygiéniques. Un deuxième le rejoindra. « Elles sont aspoises » fait remarquer Jacky. Les financements européens de l’ours payent-elles ces travaux ?
Montée transpirante sous le lac Castérau. A deux pas, le lac Paradis. Pause face au lac encore enneigé. Vues magnifiques au nord vers l’Ossau, au sud vers le crête frontière.
Sac sur le dos : il s’agit maintenant de grimper au Paradis. Celui-ci n’est pas aussi compliqué à atteindre que ne le laissait penser l’éducation judéo-chrétienne d’hier… L’Eglise devrait s’inspirer d’un cheminement vers ce Paradis terrestre si facilement atteignable !
Cela commence, sur son flanc nord, par un bref purgatoire : mains au rocher. Attention requise sur quelques encablures et déjà la pente devient plus facile. Une crête « esthétique » achève de conduire au sommet. Le Paradis (sur terre) est là. Le « petit » car il y a aussi le « grand » des Alpes italiennes. Une équipe de cafistes palois a décidé d’aller comparer les deux dans quelques semaines.
Sous nous, les lacs Paradis et Castérau. Devant, le lac Plaa de las Baques totalement enneigé, tout comme ses abords. Derrière le col des Moines, notre prochain objectif.
Redescente du Paradis (est-ce possible ?) et montée vers le col. Cheminement dans une neige, molle comme il le faut. « Al dente ». La chaleur ambiante joue pleinement son rôle et simplifie notre progression. Les ruisselets dégorgent d’eau. La collective s’étire (un peu). Le col des Moines est atteint. Après le Paradis, les Moines. Un secteur œcuminique ! Pause.
Des anglais, couleur « rosbif », en short et T-shirts, viennent d’arriver de Canfranc (« Can-fran » : pas simple à comprendre avec l’accent anglais !). Ils font une boucle de 4 jours dans le coin. Heureux de respirer un grand bol d’air frais. Loin des interminables débats, du Parlement de Londres, sur le Brexit…
Continuation vers le pic des Moines. Sous nous, l’Ibon del Escalar qui domine Astún. Gérard souffre un peu. Main au rocher. Ni Moines, ni vautour Moines au sommet !
Pause-repas. Gérard sort du sac deux bouteilles : une de champagne MUMM Cordon rouge et l’autre de PROTOS, très bon « vino tinto de la Ribera de Duero ». Le sur-poids du sac de Gérard, à l’origine de sa légère difficulté, est expliqué. Il nous faudra attendre d’atteindre le troisième pic du jour, le Castérau, pour connaitre le motif de cette « régalade ». Une « régalade » complétée, par Jacques, avec un Pessac Leognan Château de France de très bonne facture.
Pendant que nous mangeons, un nudiste apparait : juste un slip cintré et des chaussures de rando. Bronzé, coiffure en brosse courte, sec comme un gardon, il s’installe à quelques mètres. Après les anglais en short, voilà qui nous change de la vestimentaire cafiste.
Retour en arrière et descente, tout droit dans la neige, à partir du col du Bénou -ici, aussi !- vers le lac Castérau. A l’intersection avec le GR10, remontée en direction du collet sous le lac Bersau et pic Castérau. Sous la chaleur, le peloton se scinde en « gruppettos » (les fans de cyclisme connaissent).
Regroupement au collet et attaque des pentes du Castérau,. A l’aide de points GPS, Gérard cherche un endroit précis. Celui où, l’an dernier le 22 avril 2017, il s’était brutalement réceptionné alors qu’il dévissait. En solitaire, descendant en crampon du sommet, un cairn, mal placé, l’avait orienté, trop à l’Est, vers un abrupt rocheux. Un rocher, auquel il se tenait, avait lâché. Une chute de 30m s’en suivit. Blessé, avec 8 côtes doublement cassées et un pneumothorax, il réussit à faire le 112. Des randonneurs à ski espagnols viennent à son secours et confirment au 112. Le Dragon 64 est là 45 minutes plus tard. Hospitalisation. Convalescence de plusieurs longs mois.
Pour Gérard, le retour sur place était nécessaire. Comprendre pourquoi ? Exorciser un questionnement lancinant. Il connaissait le coin « par coeur », comme nombre d’entres nous, et pourtant… Une leçon pour tous. Les bouteilles, bues au sommet du pic des Moines, prennent tout leur sens. Célébration de la vie.
Passé cet épisode émouvant, pause au sommet du Casterau En face, l’Ossau se drape de nuages gris menaçants. L’orage ne semble pas loin. Retour par le lac Bersau, complètement pris entre neige et glace, passage au refuge d’Ayous, animés par de nombreux touristes et retour sur Bious-Artigues.
Sous le lac Roumassot, Jacky nous fait emprunter une sente méconnue. Partant de la cabane du « col long d’Ayous », elle conduit directement au fond du lac de Bious-Artigues (voir carte 1547OT). A découvrir absolument. Une originale alternative au monotone cheminement classique dans les bois et au béton qui lui succède.
Après plus de 20km de randonnée, en plein coeur du Parc National, une constatation s’impose : pas un isard à l’horizon. Le loup les a-t-il chassé ?
18h24 : arrêt du GPS. Il chauffait depuis 8h06. Une longue sortie pour une récolte riche de 3 pics et 9 lacs en une seule journée. Plein les pattes, tout de même : 22/23km pour 1300/1400m de dénivelé. Pour un début de saison de randonnée pédestre, ce n’est pas si mal. Qu’est-ce qu’il en sera à la fin de l’été !
A plus sur les sentes.
– par Beñat
Le verdict :
– Point le plus bas : 1420m (pk Bious-Artigues), le plus haut : 2349m (Pic des Moines), dénivelé : 1350m, distance parcourue : 21km, durée de la sortie : 10h15
– Encadrant : Jacky Gaüzere
– Co-encadrant : Brahim Amazine
– Participants : Bruno Basty, Bernard Boutin, Jacques Darmony, Gérard Lacaze Labadie, Michel Leshauries, Henri Michel Levin, Robert Marin, Isabelle Riondel,
– Les randos d’avant : c’est LÀ
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