
En novembre dernier, lors de l’AG du Club Alpin de Pau et de la vallée d’Ossau, Pierre Hourcade, avec son entrain habituel, distribuait des prospectus sur les cycles de formation et perfectionnement « ski alpin », « toute neige, tout terrain », « snow-board » et « télémark » organisés par le CAF en collaboration avec l’Ecole de Ski Français de Gourette.
Déclic immédiat : « Banco, c’est pour moi ». Il faut dire que la neige hors-piste pose quelques problèmes à mézigue. Ses 3 premières « étoiles » ne datent-elles pas de 1958 ! Des étoiles, obtenues, après maintes chutes, il y a 60 ans. A Gourette justement ! Jamais trop tard, pour faire de la formation continue. Limite, tout de même : la formation 2018 s’adresse aux 6 à 66 ans. L’an prochain, il faudra une dérogation.
« Une formation avec de très bons tarifs, obtenus grâce aux efforts financiers de l’ensemble des partenaires : l’EPSA, l’ESF de Gourette et le Club Alpin de Pau et de la Vallée d’Ossau » rappelle Pierre Hourcade.
L’EPSA ? L’Etablissement Public des Stations d’Altitude, gestionnaire des stations de Gourette et d’Arette. EPSA, CAF, ESF, FFCAM, TNTT… Dans les classes primaires, les cours de français omettent des pans entiers de la langue française !
Samedi 5 janvier : montée à Gourette avec le bus affrété par le CAF. Conducteur sympa. 14h30 : sous les fanions de l’ESF, élèves et moniteurs se rassemblent. Désordre initial, rapidement maitrisé par l’expérience des hommes aux uniformes rouges rayés de blanc. Pour l’autorité : l’uniforme, cela a toujours marché. Par contre, contre la grippe : zéro pointé. Notre « mono, toute-neige, tout-terrain » (TNTT) n’est pas là : au lit !
Découverte de dinosaures d’une autre époque : François Barrats, Villecampe. Les idoles des années 60 sont toujours présentes. L’ESF de Gourette, une grande famille.
Un groupe d’une vingtaine de skieurs, élèves TNTT, est rassemblé. Deux moniteurs nous encadrent. Objectif du jour : créer deux groupes plus cohérents pour la suite de la formation. Au final, les jeunes partiront de leur côté, les adultes du leur. Premiers rappels sur l’importance de la répartition du poids du corps sur les skis. Il y a toujours quelque chose de mal placé : les bras, le « ku » – toujours trop en arrière-, les yeux qui regardent vers le bas au lieu de regarder devant pour anticiper etc… Cette première session se termine vite. Retour vers le bus.

Samedi 12 janvier : montée dès 9h en voiture à Gourette, histoire de chausser les peaux de phoques et grimper aux Fontaines de Cotch.
A y regarder de plus près, il y a des randonneurs régulièrement sur les pentes de la station. Beaucoup prennent le soin de passer en début ou fin de journée pour éviter la foule des skieurs.
14h30 : Gigi, Gilbert Bergés, est là. Cheveux bouclés, à peine grisonnants, petits yeux malins, cachés derrière de grosses lunettes. Indiscutablement un personnage. Une gouaille sans fin. Alpiniste, guide, guide de ski de montagne. Sur les skis, une passion: le hors-piste.
Très vite, il repère nos défauts. Un premier : les chaussures insuffisamment serrées. Le pied doit faire corps avec elles pour être en symbiose parfaite avec les skis et donc la neige.
Autre défaut : l’oeil qui regarde vers le bas au lieu de regarder devant. Là où l’on va amorcer le virage.
Gigi, c’est une « Rolex ». Un mécanisme millimétré capable de pivoter sur ses skis sans (quasiment) bouger. De la magie. De la prestidigitation. On est transporté dans un autre monde. Silence admirateur…
Pour nous, ce sera les bras devant, en les montant afin d’entrainer le corps. Les bras, les pieds, les yeux, le « Ku » : c’est par là que ça se passe ! Reste à coordonner le tout.
Samedi 19 janvier : Les « monos » sont vêtus de longues capes rouges. Celles jaunes, des marins-pêcheurs. Il bruine. Gigi nous amène au col qui domine le lac d’Anglas. Entre bruine et brouillard, la descente ne sera pas pour aujourd’hui.
Travail d’enchaînements sur les pistes. Objectif : être toujours plus coulant. Peu de hors-piste. Le manque de neige ne s’y prête pas.
Arrivé trempé au bas des pistes. Mouillé comme jamais. Chocolat chaud à la « Boule de Neige ».
Samedi 29 janvier : en hors-d’oeuvre, montée en ski de randonnée au col d’Anglas. Dans l’après-midi, Gigi nous y conduit à nouveau. Cela le démange. A nouveau les conditions ne sont pas réunies. Gigi a ses alternatives. Direction, les flancs du Ger. Comment passer sur des plaques de glace ? Sauve qui peut !
Plus loin, c’est de la poudreuse pourrie. Sa trace semble à peine marquer le sol. Elle est fluide. Pas d’écume. A notre tour. De belles baignoires. Des skis déchaussés aussi. Comment les replacer dans des conditions difficiles ? Un ski dévale : comment descendre sur un seul ski ? Petit à petit, toutes les situations que peut rencontrer le randonneur sont abordées.
Samedi 3 février : Enfin, de la fraiche ! Gigi nous fait passer hors-pistes dans des goulets étroits. Affronter des pentes raides. Zigzaguer entre les arbres. Baignoires à nouveau. Le groupe s’affirme pourtant de plus en plus. Les virages deviennent plus harmonieux.

Final magique. Montée par le télésiège de Cotch pour basculer sur les pentes du vallon d’Anglas. Géniale poudreuse même si les premiers mètres impressionnent par la pente. Neige absolument vierge. Légère et froide. Godilles de cinéma pour Gigi. Godille « d’art et d’essai » pour les autres. Grand plaisir. Petit bémol : il neige à gros flocons et la visibilité est « compliquée ».
Dernier « challenge », dans le bois de Saxe au-dessus de Gourette sur le GR10 : tourner autour des arbres aux branches chargées de neige. Un ultime champ de mines au niveau du pont sur le Ley. Retour à Gourette. Le mot de la fin : « Il n’y a pas de mauvaise neige, il n’y a que de mauvais skieurs ». Gigi le dira d’une façon plus forte ! Message compris 5 sur 5. On reprend les cours quand ?
Gouté de clôture de formation à la Maison Cardet. Chocolat, pain et confiture pour les jeunes, rouge, pain et saucisson pour les autres. Discours de remerciement de Pierre Hourcade : EPSA, ESF, bénévoles du CAF, participants de la FFCAM de tout le département et même de Tarbes.
Distribution d’étoiles. 1958-2018 : 60 ans plus tard, je complète la collection. Et de 4 ! Un intitulé un peu mystérieux : « Test International 3 ». Est-ce la bonne ? Qu’importe : formation validée et content de l’avoir faite !
A plus sur les pentes.
– par Beñat
Participants à la formation : Patricia Bousch, Bernard Boutin, Denis Campos, Céline Durand, Daniel Garrocq, Bernard Guivar, Philippe Lasausa, Lara Latrasse, Stéphane Lucas, Lara Latrasse, Ming Youg
Passez le curseur de votre souris sur les photos pour faire apparaitre les commentaires ou cliquez sur la première photo pour dérouler le diaporama.