L’étape est longue : plus de 25 kilomètres. Traversant sans cesse de très larges estives, elle est rapide. Ici, les abris de bergers ne ressemblent plus aux bien modestes cayolars béarnais mais plutôt à des ranchs du Nevada (en modèles réduits toutefois), Nevada destination favorite des bergers basques « en Amérique ».
Pour commencer à comprendre l’émigration des bergers basques, il fallait parcourir ces amples sommets couverts principalement de pâturages. Partout d’innombrables troupeaux de moutons, chèvres, vaches et chevaux. Vraiment, dans les moindres recoins !
Le pastoralisme, dans les Pyrénées souletaises, est une activité puissante, organisée et traditionnelle. Son fer de lance : La commission Syndicale du Pays de Soule-Xiberoa a été crée en juin 1838 pour gérer les biens indivis entre les 43 communes composant la Soule historique. Une des toutes premières communautés de communes françaises !
Pour plus sur le sujet, c’est ICI. En découvrant la commission, on découvre la solidarité forte de toute une communauté basée sur son histoire et ses traditions.
Le cheminement ne traverse pas seulement des prairies d’altitudes, il passe aussi par des champs entiers de fougères, à l’odeur si caractéristique, et des forêts de hêtres.
A nouveau la HRP se différencie des GR : pas de cairn, ni marquage au sol. Sur ces prairies sans fin, prendre une sente animale à la place de la « sente HRP », est sans cesse possible. Le GPS aide à se retrouver dans le « brouillard » des champs de fougères qui peut atteindre jusqu’à 1m80 de haut.
Le Sommet d’Occabé est le point le plus haut du jour : 1456 m. Un site de cromlech’s, témoigne d’un passé mystérieux et historique. La suite de la HRP conduira à d’autres cromlech’s, traduisant là la très vieille implantation de l’homme dans ces montagnes. Au Sommet d’Occabé, les paysages sont magnifiques à 360°.
Passé le sommet, les cols et crêtes se succèdent : col d’Oraaté, col Curutche, crête d’Urculu, col d’Erozarte suivi d’une très longue descente sur les flancs de l’Erozarte. L’étroit sentier, sur une pente abrupte, est caché sous l’herbe épaisse. Sèche, elle ne présente pas de difficulté majeure. Humide, le risque d’une longue chute fatale est omniprésent. Les montagnes basques sont à aborder avec « respect ». Elles ne sont pas hautes, mais pas moins dangereuses.
Pas moins dangereuses justement : Une plaque le long du chemin rappelle la mort affreuse de 5 randonneurs du Club Alpin de Bayonne, suite à un écobuage pas réglementaire, qui les a piégé, en février 2000, sur ces pentes raides sans échappatoires.
Arrivée, après 25 kms de marche, à l’Auberge les Sources de la Nive, à Béhérobie au-dessus Esterençuby. Recommandable en tout point : cadre reposant, chambre impeccable, repas local parfait.
Différent de l’excellent gîte Cal Paï, halte sur la HRP dans les Pyrénées orientales, l’auberge n’en mérite pas moins autant de bonnes notes chez les Trip Advisor et autres Agodas. Les deux « best-off » (après 43 étapes) de la Traversée des Pyrénées.
Orage à 20h. : Un signe avant-coureur de la journée pluvieuse du lendemain. Mais cela, nous ne le savions pas…
– par Bernard Boutin
– Le verdict du GPS, Iraty – Béhérobie : 3,6 k/h, 7h de marche, 9h25 de rando, 25,4 kms parcourus, 577 m de dénivelé positif, plus haut : 1463 m, plus bas : 342 m.
– Les précédentes étapes de la traversée des Pyrénées, d’est en ouest, pour la « mule et son intello » : c’est ICI
– Crédit photo : Jérome Brosseron et Bernard Boutin
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