22 août – Grosse journée en vue. A nouveau. Le GPS annonce plus de 1000 m de dénivelé et 23 kilomètres de marche. Mais plus encore, c’est l’altitude de la « course » qui inquiète. Plus de 2h30 doivent se passer en ligne de crête frontalière entre 2650 et 2850 m avec à la clef le pic Superior de la Vaca (2826 m), le col de No Ceus (Les 9 croix – 2792 m), le pic de Nou Creus (2799 m), puis le pic de Noufonts (2861 m) avant d’arriver au Col d’Eyne (2683 m) et les 10 kilomètres de descente qui vont suivre pour atteindre le gite Cal Paï au village d’Eyne. L’ambiance est à la concentration. Par soucis de sécurité, nous nous joignons à 3 randonneurs qui font le même circuit. Le ciel est « plombé ».
Après 1h30 de marche, la poisse nous tombe dessus : pluie, vent, grésil, brouillard et orage et cela durera, comme un fait exprès, jusqu’au col d’Eyne ! Nous sortons l’attirail : gant, serres-tête, poncho, couvre-sac, rentrons la tête dans les épaules et marchons le nez « dans le guidon ».
Il ne faut pas longtemps pour que l’eau clapote dans les chaussures. Le chemin est très peu balisé. Les alternatives nombreuses. Pour les 3 randonneurs que nous accompagnons, il était impossible, afin de s’orienter, de sortir la carte au 25 millième, l’altimètre et la boussole. Trop de vent, trop de pluie.
De suiveur, l’intello passe, aidé par le GPS, en position « leader » et, sans difficulté trace la voie dans un parcours pas évident. Les « 3 » ont tendance à décrocher. L’intello est plutôt à l’aise dans cette ambiance hostile. Un challenge nouveau.
Au moment d’attaquer la dernière difficulté, le pic de Noufonts (en fait un petit promontoire que le brouillard rend impressionnant), l’un des randonneurs est prêt de lâcher prise : « Encore monter ! » s’exclame-t-il. Heureusement, que l’un d’entre eux connait de mémoire le topo du guide Trans’Pyr. Il acquiesce à tous nos choix et rend l’avancée plus simple.
Un grand regret toutefois, nous n’avons, à aucun moment, pu apprécier les points de vue différents que l’altitude permettait tant du côté français qu’espagnol. Cela fait deux fois que les intempéries contrarient ma traversée.
Nous arrivons enfin au col d’Eyne. L’orage s’éloigne. Nous mangeons debout, le sol étant trop humide. Enfin, un répit. Le soleil y met du sien et apparait.
La trace du GPS, bien programmée, nous aura beaucoup simplifié la marche, évité des questionnements sans fins et amené au col facilement. Combien d’heures de gagnées !
L’intello se félicite d’avoir appris à programmer un GPS pendant que l’âne, lui pense plutôt à manger, se réchauffer et se sécher. Plus tard, l’intello enverra un SMS de remerciements à Mariano, le « roi du topo » » qui l’a initié au GPS.
La descente dans la très belle vallée d’Eyne se fait dans le calme. L’orage est loin. Le soleil reprend sa place. Entre bio-diversité florale, marmottes et isards, tout est là pour nous faire oublier l’évènement climatique du début de la journée.
– par Bernard Boutin