J 22 et 23 – Marketing aux Encantats !


Le lac d'Amitjès
Le lac d’Amitjès

Les Encantats, comme son nom catalan l’indique, sont tout simplement « les Enchantés ». Situés au sud-est du Val d’Aran, intégrés dans le « Parc National d’Aigües-Tortes et du lac de Saint Maurice »,  ils proposent 200 lacs aux formes et couleurs variés, une végétation riche où les pins à crochets dominent et des sommets qui peuvent rappeler les Dolomites. L’eau y est omniprésente. La neige et la glace aussi quand la mule et son intello y parviennent. Revers de la médaille, l’endroit est très touristique, sauf pour ceux qui pratiquent le « hors-piste ». Comme toujours !

Pour y pénétrer, par l’est, les visiteurs vont jusqu’à Espot qui « grouille » de monde. Là, les « taxis d’Espot », de gros 4*4, vont les conduire dans le Parc. Non pas à la périphérie mais bien dans le Parc. Odeur de gazole assurée le long de la route qui, heureusement, s’arrête dès le refuge d’Amitjes.

On sait bien l’intello un peu « ours ». L’idée de côtoyer les foules le conduit à décider de pénétrer dans le Parc, non pas par le fond de vallée, Espot et ses taxis, mais par les crêtes. L’équipage monte donc depuis la Guingueta d’Anèu (920m) jusqu’au « refuge du Pla de la Font » (2002m), puis le lendemain file sur le refuge d’Amitjès. Deux étapes de transition plutôt « cool » avant d’entreprendre une traversée des Encantats « hors-piste ».

De la montée au refuge du Pla de la Font, il y a peu à dire. Elle se passe en forêt, des feuillus d’abord, des résineux ensuite, avec toujours la même conséquence : vue bouchée. Seul au départ, le passage dans le village restauré de Jou fait sortir, de son étui, l’appareil photo pour immortaliser de belles vieilles demeures. Pas âme qui vive durant toute la montée sauf… un vététiste aussi surpris que nous de croiser, un randonneur sur le chemin.

L’arrivée au refuge fera vite oublier une montée monotone. Situé au-dessus de la forêt, orienté nord, il permet une vue à 180° magnifique dans un cadre de verdure et de tranquillité rare. L’herbe épaisse flotte au vent. Magie des ondulations. Au-dessus, au sud, vers la crête qui domine Espot, de magnifiques pins à crochets se découpent dans le ciel. La mule trouve des cousins au milieu d’un troupeau de chevaux de trait qui broute tranquillement. Un nuage épais s’élève au-dessus des pins. L’intello signale de suite un début d’incendie à Tom, gardien du refuge depuis 15 ans. Eclat de rire : « c’est du pollen ! ». Le Paradis est-il ici ?

Tom est aussi guide. Il ne conseille pas vraiment de poursuivre seul sur la ligne de crête afin de descendre directement sur le refuge d’Amitjès, étape suivante de la « mule et son intello ». Peu ou pas de monde sur un tracé… peu tracé. A deux, pas de problème ! Mais, l’intello est seul (avec sa mule). Il y a 4 à 5 heures de marche entre 2600 et 2900m. Compliqué. Décision est prise donc de descendre le lendemain directement vers le lac de Saint Maurice et l’entrée classique aux Encantats.

Tom et l’intello sont seuls sur place. La saison n’a pas vraiment démarré. Ils dinent ensemble. Une bouteille de vin délie les langues. Pour Tom, comme pour tant et tant de personnes qui vivent « de et dans » la montagne : « la planète ne peut plus accepter notre niveau de consommation ». Elle est pourtant si éloignée de ces lieux préservés ! Ceux qui vivent hors des villes sont-ils plus conscients des dégâts qu’impose l’activité humaine à notre planète ?

Douche chaude gratuite et à volonté sur place ! La nuit est bonne. Réveil à 6h. Comme d’hab.

Du refuge à la crête, pour ensuite redescendre vers le lac de Saint Maurice, il ne faut pas plus de 10 minutes. Commence alors une descente franche où les bâtons sont particulièrement utiles. Quarante cinq minutes plus tard, l’entrée du Parc National est atteinte et son flot de visiteurs bien présent. Les taxis aussi ! Reste 600 à 700m de dénivelé grimpant à parcourir pour d’abord arriver au lac de Saint Maurice puis celui de la Ratera, suivi d’une belle cascade et enfin le refuge d’Amitjès (2366m) situé à côté… de deux nouveaux lacs : celui d’Amitjès et celui des Barbs. De l’eau, encore de l’eau, toujours de l’eau. C’est cela les Encantats. Depuis le refuge, la vue est tout simplement magnifique. On se croirait face aux Dolomites. Des Dolomites catalanes.

Sur place, il y a presque foule. Cela change du Pla de la Font ! Un sigle sur le bâtiment explique en partie cette affluence. Ici, c’est une étape des « Caros de Foc »  (les « Chars de feu »). A l’image du refuge de Certascan qui est intégré dans les circuits de « la Porta del Cel » et des « Muntanyes de Llibertat », Amitjès fait partie d’un ensemble de 9 refuges qui proposent de réaliser un tour circulaire des Encantats. A la clef : 55 kms pour 9200m de dénivelé cumulé.
Guides, topos randos, tee-shirts sont disponibles. Comme pour les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle qui font tamponner leur « credencial », les randonneurs, trekkers ou autre « trailers », selon la vitesse à laquelle ils vont, font viser par les refuges leur passage. On est là en plein marketing et cela marche. Amitjès, ce soir-là, affiche complet. Des randonneurs dorment à même le sol.

Complet aussi le refuge « Ventosa et Calvell », étape du jour suivant. Lui aussi se trouve sur la route des « Caros del Foc ». Les Catalans : Des as du marketing pyrénéen !

La nuit sera longue. Toutes sortes de bruits « bercent » le dortoir. La porte palière grince à chaque passage. Les ronflements des uns, les rêves à voix hautes, les cauchemars, les sorties « techniques » aux toilettes. Tout se lie pour rendre la nuit peu ordinaire. Les plus malins des randonneurs savent bien comment éviter cela. Ils installent leur tente à deux pas des refuges et ainsi peuvent bénéficier du diner, du petit déjeuner, du picnic, voire des douches. Ensuite, ils dorment au calme sous la tente. Seules contraintes : porter une tente et un duvet. Pour l’intello qui lutte contre le poids pour préserver sa mule, ce surpoids est en trop. Qui veut voyager loin, ménage sa monture ! Un choix de légèreté qui se paye en nuits blanches.

Réveil 6h et départ en compagnie de Jérome, avec qui l’intello avait fait 4 étapes l’année précédente, et Connie, son épouse. Les deux ariégeois viennent rejoindre « la mule et son intello » pour, ensemble, cheminer, par la HRP, jusqu’au cirque de Gavarnie.

– par Bernard Boutin

Nota :
– Le verdict du GPS
Pensión Cases – Refugi Pla de la Font : 3,2 k/h, 2h19 de marche, 3h35 de rando, 7,54 kms parcourus, 966m de dénivelé positif
Refugi Pla de la Font – Refugi de Amitjès : 3,4 k/h, 3h50 de marche, 5h30 de rando, 13,1 kms parcourus, 736m de dénivelé positif
– * J 22 et 23 de la traversée des Pyrénées d’est en ouest de la « mule et l’intello ». Les précédentes étapes, c’est ICI
– Crédit photo : Bernard Boutin et crédit plan : http://senderismo.gronze.com

 

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