J 12 : Coucher du soleil « de cinéma » au refuge du Rhule


Sunset vu depuis le Rhule
Sunset vu depuis le Rhule

Au gite de l’Hospitalité, le petit-déjeuner est servi à 7h30. Une heure tardive pour les randonneurs qui le souhaitent à 6h30. Pas sympa ! Une fausse note après un diner (hachis-parmentier maison), petit-déj et pic-nic de bonne tenue. Le calme de la chambre, aux décors pour enfants faits de nounours, m’aide à bien récupérer. En Ariège, les ours ne sont pas seulement présents dans la nature…

Une citation de Raymond Devos, affichée dans le gite, permet de voir, sous un autre oeil, les relations entre « la mule et l’intello » : « Mon pied droit est jaloux de mon pied gauche. Quand l’un avance, l’autre veut le dépasser. Et moi, comme un imbécile, je marche ! ».  Le message de l’humoriste est bien passé : L’intello est condamné à suivre la mule…

L’étape du jour est en terrain « montagne » avec des lacs et des cailloutis nombreux à franchir mais, elle ne fait que 14,5 kms pour 1235 m de dénivelé. Une « promenade de santé » comparée aux 28 kms de la veille. Départ avec Jérome qui vient de débarquer à l’Hospitalet pour 8 jours de traversée en direction de l’Ouest. Comme les « compères », il veut suivre le tracé du topo-guide Trans’Pyr. Jérome, ariégeois, écologiste militant, marié à une bavaroise, éleveur de chevaux andalous est un compagnon de route bienvenu après toutes ces étapes en solitaire. La mule craint le pire avec cet intrus éleveur. Il aime bien son « intello » qui n’est somme toute pas trop exigeant.

Le GPS mis en marche, nous sortons du village en passant près d’une importante centrale électrique et de ses lignes à haute-tension. 10 minutes plus tard, il a déjà enregistré plus de 5,3 kilomètres de parcourus ! Nous marcherions à 31,8 kms/h. L’intello le remet à zéro. Ces petites boites, pleines de technologies, ne sont pas suffisamment bardées contre les ondes électromagnétiques.

Nous attaquons directement la pente en direction des étangs de Pédourrés, de Couart, de l’Albe et, pour finir, du col frontière d’Albe (2457 m). Passé le col, nous entrons, quelques instants, en Andorre, avant de redescendre sur le refuge du Rhule, coté français. Le mot frontière est relatif : au col, il n’y a ni route, ni « ventas », ni douanier, ni même sentier. Que du rocher !

La trace est peu marquée dans les énormes pierriers. A partir de l’étang de Couart, Jérome souffre un peu. Il n’a pas mon entrainement, pèse 20 kilos de plus que l’intello (qui a aussi la chance d’avoir une mule pour le porter !). Cerise sur le gâteau, le sac de Jérome fait 5 kilos de plus que celui de l’intello. Il a prévu des bivouacs avec tente et sac de couchage. Les étapes suivantes seront plus faciles pour lui. Il faut en général 2 ou 3 jours pour s’habituer à un sac-à-dos inhabituellement lourd.

Les lacs se suivent et, il faut l’avouer, finissent par se ressembler. Les Pyrénées ont par ici une concentration de lacs importante. Ils sont, pour la plupart, lovés dans les creux formés par les résidus de moraines frontales de glacier. Des lacs toujours sauvages où l’on ne croise que de rares randonneurs ou pécheurs.

Passé le col d’Albe, descente vers l’étang de Joclar suivi du lac de l’Estagnol. Le refuge de Rhule (2185 m) est au-dessus de nous perché sur un ultime « rapaillon ». Nous y arrivons à 16h, un peu fatigué par les cailloutis qu’il aura fallu traverser, avec précaution, durant une bonne partie du parcours.

Chut ! Le gardien fait sa sieste ! Il finit par apparaitre, semble assez « détaché » et attendre avec une certaine impatience la fin du mois de septembre et la fermeture du refuge. Heureusement, il n’est pas seul. Le « cuistot » nous servira, trois heures plus tard, un bon diner : soupe à l’oignon, plats d’agneau sauce olive ou sauce ananas. Le tout accompagné de pâtes et du « rab » à disposition. Compote.  Nous ne sommes que 5 ou 6. A l’Hospitalet, la « jauge » était la même. Que les saisons sont courtes pour les professionnels !

Le brouillard n’arrête pas de monter de la vallée et danse, sans fin, avec les nuages qui vont du blanc, couleur neige, jusqu’au noir, couleur orage.  Un paysage loin d’être figé. Au moment du soleil couchant, des éclairages de toute beauté sont visibles à l’ouest en contre-bas. Le refuge de Rhule a vraiment un panorama superbe. Une des photos prise servira de fond d’écran au blog de « La mule et l’intello ».

D’une façon plus générale, les montagnes sont souvent les plus belles quand le temps n’est pas au beau fixe qui peut être monotone. Les mélanges de gris, blanc, noir mais aussi bleu et vert, sont les plus beaux par temps « passable ». Il ne faut pas regretter de randonner parfois dans ces conditions qui rebutent à beaucoup. C’est à moments-là que les plus belles photos sont prises.

La mule, ce soir-là, roupillera d’un bon sommeil. Les pierriers lui ont cassé les pattes. L’intello est dans ses rêves. Comme toujours…

– par Bernard Boutin

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