bois du Bager : du Mail Arrouy aux Hourquettes de Baygrand


Cliquez sur la première photo pour faire défiler la galerie

Plus bas : 352 pk Berguery
Plus haut : 1248 Mailh Arrouy, 1381 Hourquettes de Baygrand
Dénivelé : 1455 m
Distance parcourue : 16,3 km
Participants : Adéline Massy, Joelle et Jacques Craveiro, Olivier Bonnave, Jean-François Tilhet-Prat, Bernard Boutin encadrés par Catherine Richard
Temps : belle journée ensoleillée, sans vent

Date : 2 mars 2025

A 7h45, en pleine forêt du Bager, nos deux voitures se garent sur la D 918, face à un ferme « anodine et anonyme », à deux pas des granges Berguery. Dans un joyeux brouhaha, vidons les voitures et commençons à mettre nos chaussures quand un volet claque furieusement, au premier étage de la maison en face de nous. Un homme apparait et se met à aboyer en direction… de nos deux voitures. « Dégagez les voitures, dégagez les » répète t’il à l’envie. Toujours plus fort. Accent étranger. Incrédulité par rapport à l’amabilité de l’accueil. La Mule en est même choquée. Pourtant, elle est habituée aux menaces quand, têtue, elle s’arrête net et se braque. L’homme continue de plus belle. Regards interloqués entre nous. Repli stratégique décidé. Allons nous garer à 300 mètres de là. Dans la longue panoplie des dangers possibles en montagne, en voilà un nouveau à prendre en compte : l’irascibilité des voisins du parking.
Passé la grange Mirande, remontons le ravin de la Pouyade de Pédouilhᵗ (ᵗ= toponymie – voir au bas du compte-rendu). Montée franche. Tôt dret. Justement, en gascon poujade = montée, raidillon, pente ascendante (Palay). Quant à Pédouilh, c’est un petit sommet qui domine le ravin à 921 m. Lui, il fait référence aux pédouilh = poux, pucerons. Toponymie pour marcheurs !
Entre la montée raide et les insectes qui nous menacent, vivement d’arriver à la cabane de Pédouilh et se mettre à l’abri ! Ooups, la cabane (880) est en fait un taudis incroyable. Un énorme fatras d’objets jetés pèle-mêle. Bizarre. Jamais vu un tel désordre dans nos magnifiques cabanes pyrénéennes. Voir photos. Poux, pucerons, taudis, il est temps de quitter les lieux et rejoindre le Mail Arrouy, point de départ de la crête que nous devons suivre pour aller jusqu’aux Hourquettesᵗ de Baygrand.
Montée, cap SO, en suivant des sentes incertaines envahies de ronces et autres épineux. Zig-zag autour de taillis d’arbres au sol. Une RTT : Rando-Tout-Terrain.
La végétation envahissante se fait moins pressante. Sous le Mail Arrouy, un peu de main au rocher et la vue au sud se dégage enfin. Le Mail Arrouy : un belvédère incroyable à l’entrée de la vallée d’Aspe. Pause banane rapide. Température frisquette appelant à se bouger.
Retour sur nos pas de quelques mètres et c’est parti pour 6,5 km d’une crête tantôt schisteuse, tantôt encombrée d’arbustes rabougris, ou au sol, avec une succession de montées et descentes. De 900 m de dénivelé au Mail Arrouy (1248), le compteur montera à 1450 m aux Hourquettes de Baygrand (1381). Pour monter de 150 m, faisons près de 450 m de dénivelé.
Restons globalement sur le fil de la crête. Indiscutablement peu de passage humain ou animal en ces lieux. La Mule tire un peu la langue. L’Intello lui demande beaucoup d’attention pour parcourir les schistes verticaux qui tapissent la crête. Sans parler des passages accroupis sous les branches bases des arbres…
La vue se dégage. Les Hourquettes ne sont plus loin. Pause de 12h45 à 13h15. Méritée. Il fallait à la Mule souffler. Plein sud, face à nous : le Roumendarès, l’Andurte, le Serrissé et l’Ourlène. Autant de sorties à venir… et, déjà la plaque de chocolat tourne. Les sacs se remplissent. C’est parti pour les Hourquettes de Baygrand. Les estives sont rejointes. Le pas se fait plus certain. Les enjambées plus longues. Dérouler enfin.
Catherine ouvre l’option de monter à l’Escurets. Pas d’enthousiasme. Un peu de fatigue, après déjà plus de 1400 m de dénivelé. Descente vers la cabane des Assesᵗ et la crête du même nom. Acès ou assès en gascon veulent dire abri. Bref, la cabane de l’abri (tautologie : pléonasme, répétition d’une même signification). L’IGN est passé par là. Les géographes ne sont pas des linguistes !
Au bas de la crête d’Asses, inflexion à 90° à droite pour aller rejoindre le coigt de Ber où une nouvelle inflexion de 90°, à gauche cette fois-ci, permet de redescendre le ravin de Pesserbé, sous la crête de l’Ourtau. Coigt, Ber, Ourtau : tout s’explique. Voir sous le CR à la « séquence toponymie, science de l’incertitude (???) et à la graphie incertaine. Source: Palay, Bérot, Bourbon, l’inspiration ».
Depuis le col, reste à suivre une sente régulière, qui serpente dans la forêt. De belle, cette dernière est devenue presque hostile, avec tant et tant d’arbres abattus. Triste spectacle. Vents plus violent, humidité plus forte, sécheresse plus accentuée. La nature, elle-aussi, n’est pas préparée au réchauffement climatique. Lui reste, nous reste, à s’y adapter.
Le réchauffement n’a pas tout déréglé. Le rythme des saisons demeure. Après une montée où les frêles « dents-de-chiens » étaient mombreuses, c’est au tour des « jacinthes », endémique des Pyrénées, de faire de belles tâches de couleurs sous la forêt, encore endormie au sortir de l’hiver. Le printemps approche et avec lui son exceptionnelle palette de couleurs.
La route forestière du l’Ourtauᵗ est atteinte, à gauche, elle rejoint la prise d’eau qui alimente la ville d’Oloron, à droite, elle ramène tout droit au parking. Soulagement, nos pneus n’ont pas été crevés par l’irascible du coin…
Boucle bouclée. Une belle exploration du Bager. Nouvelle pour la Mule et son Intello qui déjà pense y revenir, pour en sens inverse, depuis le coigt de Ber rejoindre le col de Gerbature pour remonter la crête NE des Escurets et descendre, par les Hourquettes de Baygrand puis Pétraube, à la cabane des Asses. Histoire de voir si la crête d’Ourtau (jardin) et le col de Ber (verdure) méritent bien leur nom.
A plus sur les pentes

– par Beñat

Les randos d’avant : c’est ICI
ᵗ Séquence toponymie, science de l’incertitude (???), à la graphie incertaine. Source: Palay, Bérot, Bourbon, l’inspiration
– Mail Arrouy du gascon mailh = caillou, rocher isolé et arrouy = rouge
– Pouyade du gascon poujade = montée, raidillon, pente ascendante
– Pédouilh du gascon pédouilh = poux, pucerons
– crète des Asses, cabane des Asses du gascon acès ou assès = abri
– ourtau du gascon ourtet = jardin
– coig de ber du gascon coig = col et ber = vert, verdure
– Escurets du gascon escurét,-rèt,-e = prêle d’hiver (plante qui servait pour le récurage des ustensiles de ménage. Palay) ?
Crédit photo : Bernard Boutin

Laissez un commentaire