
Plus bas : 1460 m pk Pont d’Espagne
Plus haut : 2703 m pic Peyrot
Dénivelé : 1350 m
Distance parcourue : 20 km
Collective du Club Alpin Pau : Marie Bénichou, Julie Lafaille, Marie-Ange Dziuba, Robert Vtipil, Jean-Marc Laulhe, Etienne Subervie encadrés par Pierre Vidal et Bernard Boutin
Temps : de beau à menaçant. Chaud. Pluie au final.
Date : 30 juillet 2024
La journée démarre par un Plan B, activé à cause d’orages menaçants prévus par Meteoblue et l’AEMET (Agencia Estatal de Meteorología espagnole). L’objectif passe du Mondarruego, au-dessus du canyon d’Ordesa, au méconnu pic Peyrot, situé à « deux pas » du Vignemale. Bonne pioche : seules deux petites averses, nous rattrapent en fin de course, du coté du lac de Gaube. Les « chubascos » (fortes chutes de pluies orageuses prévues par l’AEMET), arriveront au tout dernier moment… une fois installés confortablement dans les voitures, pour le retour. Bonne pioche mais aussi un peu de chance. Les averses « tropicales » nous suivront jusqu’à Pierrefitte ! Rideau d’eau. Route gave. Orages baladeurs difficilement localisables à l’avance.
Dans cette affaire, nous avions un allié de taille : le formidable massif du Vignemale qui, fraternellement, bloque les nuages noirs sur son flanc sud, nous permettant ainsi de faire la boucle autour du Peyrotᵗ (ᵗ= toponymie – voir au bas du compte-rendu). Il ne cédera, sous la pression, qu’en fin de journée.
Après avoir parcouru le long plateau du Cayan, remontée du beau et sauvage vallon de Pouey Trémousᵗ. Inconnu, il est épargné par la foule des touristes qui envahissent les vallées adjacentes conduisant aux refuges des Oulettes de Gaubeᵗ et du Marcadeau. La clef, toujours la même : sortir des sentiers battus.
Passé le vallon, il s’agit de longer les Cornillères, formidables crêtes rocheuses effilées, qui conduisent à un large cirque dominé par le pic Peyrot et les Isardèresᵗ. L’ambiance change : passons d’un cheminement le long des calmes artigues, bordant le gave de Pouey Trémous, à des pentes rocailleuses sans fin, partant dans toutes les directions. Raillères à gogo. Cairns à gauche, cairns à droite. Le cap, le col de Peyrot, est invisible, camouflé par de petits « poueys » rocheux à contourner. Navigation en zig-zag.
Reste à sortir le GPS et suivre la trace GPX qui conduit à un lac asséché puis prendre l’orientation SSO pour rejoindre la crête Peyrot-Isardières. Sentes multiples.
Réflexion de l’Intello (qui n’est que confirmation) ne jamais venir en collective sans avoir au préalable « débroussaillé » le cheminement. La Mule râle de son côté mais les pentes étant raisonnables, elle prend son mal en patience.
Crête atteinte. Partir à droite vers l’Isardières ou partir à gauche vers le Peyrot ? Ce sera le Peyrot, un topo affirmant que la vue, sur le Vignemale et le vallon des Oulettes, y est bien plus belle qu’à l’Isardières. Longue traversée, côté sud de la crête, sur des sentes (toujours) plus animales qu’humaines. Pente affirmée mais sans difficulté à parcourir. Laissons un premier sommet sur notre gauche et nous attaquons au second. Un peu de main au rocher, rappelant à s’y méprendre les blocs rocheux verticaux qui s’élèvent vers le ciel à l’Ardiden. Au sommet, au nord, un troisième petit sommet rocheux. Où est Peyrot ?
Du sommet : que dire ? Un cairn et tout juste de l’espace pour s’asseoir (inconfortablement). Exigu comme le Ronglet (pour ceux qui connaissent).
Pause déjeuner face au seigneur des lieux : le Vignemale. Très belle vue vers toute la face Nord du massif avec, en dessous, le refuge des Oulettes dominé par le glacier, peau de chagrin, des Oulettes. Séracs à vif. Fin de partie ! Tristesse.
Les nuages noirs progressent à l’horizon. Russell, dans ses mémoires, passe d’horribles moments, caché dans l’anfractuosité d’un rocher, lors d’orages terrifiants, sous le sommet du Vignemale, du côté du col de Cerbillona. Ce jour là naquit l’idée de creuser des grottes pour que les « alpinistes », de l’époque, puisse jouir confortablement de l’emblématique sommet. La suite est connue…
Au Peyrot, tout exigu, pas de place pour se protéger d’un éventuel orage. Pause déjeuner rapide. Descente est vite décidée vers les lacs de Chabarrouᵗ. Descente plus facile que la montée du matin. Pas de raillère à parcourir.
Pose au dessus de principal lac de Chabarrou, aux cotés d’un abri (héliporté) par la commission syndicale de la vallée de Saint Savin. Fermé aux randonneurs. Ouvert aux bergers. Solidarité montagnarde. Tout n’est pas perdu. En cas d’orage, l’abri, perché sur 4 frêles pattes, arrimé à les chaines, aurait pu nous recevoir… à condition de ramper sous lui !
Arrivée au beau lac de Chabarrou puis continuation pour rejoindre le vallon des Oulettes de Gaube. Foule entre le refuge, le lac de Gaude et Cauterets. Des touristes en nombre. Un uniforme pour tous : shorts, baskets, tee-shirts. Des adultes, des jeunes, des très jeunes.
Quelques gouttes commencent à tomber. Fausse alerte. Les nuages noirs progressent vers la vallée. Maintenons le rythme pour rejoindre le parking en dépassant de nombreuses « petites familles » qui descendent ou… continuent à monter. Nouvelles gouttes. Parking atteint. Matériel plié. Partons pour la vallée quand des trombes d’eau commencent à s’abattre sur les voitures ! Oouf, tout juste passé au travers ! Immédiatement, nous vient à l’esprit toutes ces « petites familles », légèrement vêtues, sans sac d’où sortir un poncho ou une goretex. Elles prennent une leçon payée cash. Qui n’a jamais marché en montagne sans prendre une « saucée » ? Ce jour-là, ils seront quelques centaines.
Pot à Pierrefitte où l’eau arrête enfin de tomber du ciel. Retour vers Lourdes. La route est sèche. Il faisait 18° à Pierrefitte, il fait 28° dans la vallée. Le temps des orages.
A plus sur les sentes
– par Beñat
Les randos d’avant : c’est ICI
ᵗ Séquence toponymie, science de l’incertitude (???), à la graphie incertaine. Source: Palay, Bérot, Bourbon, l’inspiration
– Peyrot du gascon peyr = endroit à pierre.
– Isardères du gascon isardèras = zone à izards
– Gaube du gascon gauba = trou d’eau. Le lac fait 40 m de profondeur.
– Chabarrou du gascon chabe = chocard
– pouey trémous du gascon poèy = butte, éminence, replas et trémous = peuplier tremble. Endroit à peupliers.
– Vignemale du gascon vinhamala, vinha mala, bigna-mala = hauteur mauvaise ?
Cliquez sur la première photo pour faire défiler la galerie. Crédit photo : Julie Lafaille et Bernard Boutin